Saturday, July 4, 2009

Libération, 3 juillet 2009 : Notre cité U, on va la sauver !



«Notre cité U, on va la sauver !»

REPORTAGE

L'annonce de la démolition de la résidence universitaire d'Antony est contestée par les étudiants qui y habitent, soutenus par l'Unef et «Jeudi noir». Hier, ils manifestaient devant la mairie.

DELPHINE LEGOUTÉ


Devant l'Hôtel de Ville d'Anthony, jeudi. (Delphine Légouté)

Il est 19 heures ce jeudi à Antony, en région parisienne, lorsqu'un brouhaha commence à monter devant l'Hotel de ville. «Notre Cité U, on l'aime et on va la sauver !», «A ceux qui veulent détruire Jean Zay, les étudiants répondent : résistance !» scande une centaine d'étudiants rassemblés à l'heure du conseil municipal.

Motif de leur courroux: le projet de destruction expéditif d'un bâtiment de leur résidence universitaire, la cité U «Jean Zay». En décidant de supprimer 548 chambres sur les 2500 existantes, la communauté d'agglomération des Hauts-de-Bièvre (CAHB) et le conseil général présidé par Patrick Devedjian se sont attirés les foudres des étudiants et des syndicats.

Au départ, l'ambiance est plutôt festive. Autour du syndicat étudiant Unef se sont réunis certains conseillers municipaux de l'opposition, dont les verts et le PCF. Magalie Buzelin, conseillère Vert, estime qu'il règne une «grande hypocrisie» autour du dossier. «On nous dit qu'il faut tout détruire pour cause de vetusté, mais ce sont eux qui ont laissé la résidence pourrir pour mieux la détruire. Tous les architectes estiment qu'une simple rénovation serait suffisante».

Le collectif «Jeudi noir», connu pour soutenir les «galériens du logement», est également venu participer au mouvement, à sa façon. Au programme, chansons et lancer de confettis, sur son hymne traditionnel — le générique de la série «Dallas».

Rénover le «kyste» d'Antony

Rapidemment, la tension monte. Le groupe d'étudiants tente de forcer les portes de la mairie, afin d'assister au conseil municipal. Ils sont violemment repoussés par les policiers municipaux. «La séance est publique, on a le droit d'entrer !» s'insurge-t-on dans la mêlée. Le rapport de forces entre policiers et manifestants prend fin lorsqu'un étudiant tombe dans les escaliers, sans se blesser. «Nous voulons qu'une délégation soit acceptée au sein du conseil municipal, ne serait-ce que cinq minutes, pour faire part de nos demandes», explique Karima Delli, membre de «Jeudi noir», récemment élue députée européenne.

Depuis son accession au Parlement européen, la jeune femme - ancienne assistance parlementaire - tient à continuer la lutte «de terrain», «celle qui permet de rester proche des réalités». «Lorsqu’on a appris qu’une partie de l’une des plus grosses cités U d’Europe allait toute simplement disparaître, sans aucune garantie de remplacement, on a décidé de s’allier à l’Unef. Le manque de logement est si important qu’il est impensable de continuer de telles destructions».

«Aujourd'hui c'est le bâtiment C mais ce n'est qu'une première étape, poursuit Jean-Baptiste Prevost, président de l'Unef. Nous savons très bien que Devedjian veut rayer Jean Zay de la carte. Il parle même de «kyste» pour la ville ! On nous dit que la cité U est trop vétuste, ils n'avaient qu'à y faire des travaux avant qu'il soit trop tard. Nous réclamons sa rénovation pure et simple. Les étudiants pauvres ne peuvent pas se permettre de perdre 548 logements à très bas coût».

A la sortie du conseil municipal, la situation n'a pas bougé. Il est toujours prévu que le bâtiment C de la cité U «Jean Zay» soit démoli au cours de l'été. Aujourd'hui, un tiers des locataires n'a pas été relogé pour la rentrée.

 

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